Le jour où j’ai marché ma trentaine…

Il y a 3 ans de cela, déjà, j’entamais une longue marche. J’avais décidé de marcher ma trentaine pour y déposer les défis que la vie avait mis sur ma route. Et pour, je l’espérais, donner un élan un peu plus léger à la nouvelle dizaine qui s’amorçait.

De grands défis, un peu trop lourd pour moi, je n’y étais tellement pas préparée. Une trentaine remplie de deuils, de pertes, de réorganisation, de tristesse. Une trentaine, que si j’avais pu mettre dans mon sac à dos, aurait pesé tellement lourd. Je ne sais pas comment j’ai fait pour passer au travers. Comment j’ai pu, me relever après chaque coup dur. Tout compte fait, je ne sais pas si je me suis relevée ou si j’ai simplement survécu… Laissez-moi vous raconter.

En début trentaine, maman de 2 jeunes enfants, Rafaël avait 5 ans et Mégane 3 ans, une amoureuse bien heureuse et une nouvelle entrepreneure, ma vie a basculée. D’une vie de rêve, je suis devenue veuve. Mon amoureux est décédé d’un accident. Je pensais mourir par en dedans tellement c’était douloureux. C’est comme si on venait de m’arracher les entrailles. Mais, avec une force qui est venue de je ne sais où, je me suis levée chaque matin, pour mes enfants, mais aussi pour moi, pour honorer la vie qui poursuivait son cours, malgré le choc. Mais la vie me réservait d’autre défis… quelques années seulement après la perte de mon conjoint, mon père est décédé subitement, d’un arrêt cardiaque… en quelques années à peine j’avais perdu les 2 hommes de ma vie. Si vous saviez à quel point je me sentais petite fille, vulnérable. Je me suis complètement effondrée. Une douleur lancinante dans ma poitrine. Mes enfants qui venaient, eux aussi, de perdre une autre personne, un autre homme significatif et représentatif pour eux. Que de deuils pour eux en si bas âge. Je vous épargne ici les détails des autres deuils et défis dont a été rempli ma trentaine car ce n’est pas l’objectif de ce texte. Ce que je désire partager ici c’est plutôt la façon dont j’ai choisi d’avancer, de continuer de marcher ma vie. Je n’avais aucun pouvoir sur ce qui s’était présenté dans ma vie. Aucun pouvoir sur ces événements tragiques, mais tout le pouvoir de choisir de vivre et d’honorer cette vie, la santé, la présence de mes enfants, amies et membres de ma famille. De poser un regard sur tout ce qui avait de beau, de bien, de grand. Je dois dire que les sages paroles de mon fils m’ont aidé à me relever. Un jour que je pleurais, Rafaël m’a dit, maman, papa est mort, mais pas moi, pas toi et pas Mégane, la vie continue. Des mots venant du ciel qui m’ont donné la force et le courage dont j’avais besoin. C’est donc à la veille de ma quarantaine que j’ai décidé qu’il était temps que je dépose ma trentaine, que je laisse aller ce que je portais de lourd pour avancer un peu plus légère dans la vie. Alors, quoi de mieux qu’une grande marche… je m’attendais à ce que le processus se fasse le long du chemin de Compostelle. Cependant, j’ai été surprise de voir le débroussaillement de mes émotions se faire tout au long de la préparation de ce périple.

Le plus difficile dans ma préparation n’a pas été l’entraînement mais bien le poids de mon sac à dos. Je n’arrivais pas à l’alléger. Il était recommandé de porter un sac avec un poids maximum de 12 livres. Oui, oui, 12 livres… Je ne sais pas combien de fois où j’ai fait, défait, pesé et repesé mon sac. Jusqu’au moment où j’ai réalisé que j’entamais ce voyage avec l’objectif de marcher ma trentaine, y déposer mes peines, des misères, mes deuils et poursuivre de façon plus légère… c’est comme si je n’arrivais pas à lâcher prise complètement, en restant attachée à mes peines, même si c’était lourd et douloureux, je gardais en vie une partie de mes hommes. Fascinant n’est-ce pas comme réflexion. Avec cette prise de conscience, j’ai choisi consciemment de laisser-aller. Ça vous est déjà arrivé de vouloir avancer mais de ne pas être capable de mettre un pas devant l’autre?

C’est donc avec un sac à dos un peu plus léger et mon passeport en main, que je prenais l’avion pour la France, il y a 3 ans de cela pour marcher ma trentaine. J’ai fêté mes quarante ans sur le chemin du Puy en Velay. J’ai fait ce merveilleux parcours, chacun de mes pas étaient déposé consciemment sur le chemin. Je sentais mon énergie se renouveler, je me sentais renaître, vibrer et vivre. J’ai déposé sur le chemin, mes peines, mes angoisses et posé un regard nouveau et différent sur la vie, ma vie. J’ai choisi d’y poser ce qui était lourd et de conserver ce qui me rendait légère et joyeuse.

Aujourd’hui je me célèbre, je célèbre la vie. Je poursuis ma route, légère, enjouée et possiblement très bien accompagnée puisque, je crois que mes hommes ne sont pas si loin, à veiller sur moi, sur nous.

La vie est parsemée de deuils et de défis, j’ai choisi, pour ma part, de les affronter, de les regarder, de les pleurer, et ensuite, j’ai choisi de me relever et de marcher.

Je me suis dit, Sonia, il est temps de sourire, j’ai mis mon cœur en action et j’ai créé la suite…

Je vous souhaite de toujours trouver la force et le courage de célébrer votre vie et d’y trouver des solutions créatives et bienveillantes. Je vous souhaite le meilleur de la vie.

Avec Zénitude,

Sonia xx